Pierrot Lunaire, op.21

Program note

Dreimal sieben Gedichte aus Albert Girauds "Pierrot lunaire" ("Three times Seven Poems from Albert Giraud's 'Pierrot lunaire'"), commonly known simply as Pierrot lunaire, Op. 21 ("Moonstruck Pierrot" or "Pierrot in the Moonlight"), is a melodrama by Arnold Schoenberg. It is a setting of 21 selected poems from Albert Giraud's cycle of the same name as translated into German by Otto Erich Hartleben. The work is written for reciter (voice-type unspecified in the score, but traditionally performed by a soprano) who delivers the poems in the sprechstimme style accompanied by a small instrumental ensemble. Schoenberg had previously used a combination of spoken text with instrumental accompaniment, called "melodrama", in the summer-wind narrative of the Gurre-Lieder,[1] which was a fashionable musical style popular at the end of the nineteenth century.[2] Though the music is atonal, it does not employ Schoenberg's twelve-tone technique, which he did not use until 1921.

Pierrot lunaire is among Schoenberg's most celebrated and frequently performed works. Its instrumentation – flute, clarinet, violin, cello, and piano with standard doublings and in this case with the addition of a vocalist – is an important ensemble in 20th- and 21st-century classical music and is referred to as a Pierrot ensemble.

The piece was premiered at the Berlin Choralion-Saal on October 16, 1912, with Albertine Zehme as the vocalist. A typical performance lasts about 35 to 40 minutes.

Part One
1. Mondestrunken (Drunk with Moonlight)
2. Colombine (Columbine)
3. Der Dandy (The Dandy)
4. Eine blasse Wäscherin (A Pallid Washerwoman)
5. Valse de Chopin
6. Madonna
7. Der kranke Mond (The Sick Moon)

Part Two
8. Nacht (Passacaglia) (Night)
9. Gebet an Pierrot (Prayer to Pierrot)
10. Raub (Theft)
11. Rote Messe (Red Mass)
12. Galgenlied (Gallows Song)
13. Enthauptung (Beheading)
14. Die Kreuze (The Crosses)

Part Three
15. Heimweh (Homesickness)
16. Gemeinheit! (Foul Play)
17. Parodie (Parody)
18. Der Mondfleck (The Moon Spot)
19. Serenade
20. Heimfahrt (Barcarole) (Journey Home)
21. O Alter Duft (O Ancient Fragrance)

Poème original
d'Albert Giraud (1884)

Première partie

Ivresse de lune
Le vin que l'on boit par les yeux
À flots verts de la Lune coule,
Et submerge comme une houle
Les horizons silencieux.
De doux conseils pernicieux
Dans le philtre nagent en foule
Le vin que l'on boit par les yeux
À flots verts de la Lune coule.
Le Poète religieux
De l'étrange absinthe se soûle
Aspirant, jusqu'à ce qu'il roule
Le geste fou, la tête aux cieux,
Le vin que l'on boit par les yeux !

À Colombine
Les fleurs pâles du clair de Lune,
Comme des roses de clarté,
Fleurissent dans les nuits d'été :
Si je pouvais en cueillir une !
Pour soulager mon infortune,
Je cherche, le long du Léthé,
Les fleurs pâles du clair de Lune,
Comme des roses de clarté.
Et j'apaiserai ma rancune,
Si j'obtiens du ciel irrité
La chimérique volupté
D'effeuiller sur la toison brune
Les fleurs pâles du clair de Lune !

Pierrot dandy
D'un rayon de Lune fantasque
Luisent les flacons de cristal
Sur le lavabo de santal
Du pâle dandy bergamasque
La fontaine rit dans sa vasque
Avec un son clair de métal.
D'un rayon de Lune fantasque
Luisent les flacons de cristal.
Mais le seigneur à blanche basque
Laissant le rouge végétal
Et le fard vert oriental
Maquille étrangement son masque
D'un rayon de Lune fantasque.

Pierrot au lavoir
Comme une pâle lavandière,
Elle lave ses failles blanches
Ses bras d'argent hors de leurs manches,
Au fil chantant de la rivière.
Les vents à travers la clairière
Soufflent dans leurs flûtes sans anches.
Comme une pâle lavandière
Elle lave ses failles blanches.
La céleste et douce ouvrière
Nouant sa jupe sur ses hanches
Sous le baiser frôlant des branches,
Étend son linge de lumière
Comme une pâle lavandière.

Valse de Chopin
Comme un crachat sanguinolent
De la bouche d'un phtisique,
Il tombe de cette musique
Un charme morbide et dolent.
Un son rouge – du rêve blanc
Avive la pâle tunique,
Comme un crachat sanguinolent
De la bouche d'un phtisique.
Le thème doux et violent
De la valse mélancolique
Me laisse une saveur physique,
Un fade arrière-goût troublant,
Comme un crachat sanguinolent.

Évocation
Ô Madone des Hystéries !
Monte sur l'autel de mes vers,
La fureur du glaive à travers
Tes maigres mamelles taries,
Tes blessures endolories
Semblent de rouges yeux ouverts.
Ô Madone des Hystéries
Monte sur l'autel de mes vers.
De tes longues mains appauvries,
Tends à l'incrédule univers
Ton fils aux membres déjà verts,
Aux chairs tombantes et pourries,
Ô Madone des Hystéries !

Lune malade
Ô Lune, nocturne phtisique,
Sur le noir oreiller des cieux
Ton immense regard fiévreux
M'attire comme une musique !
Tu meurs d'un amour chimérique,
Et d'un désir silencieux,
Ô Lune, nocturne phtisique,
Sur le noir oreiller des cieux !
Mais dans sa volupté physique
L'amant qui passe insoucieux
Prend pour des rayons gracieux
Ton sang blanc et mélancolique,
Ô Lune, nocturne phtisique !

Deuxième partie

Papillons noirs
De sinistres papillons noirs
Du soleil ont éteint la gloire,
Et l'horizon semble un grimoire
Barbouillé d'encre tous les soirs.
Il sort d'occultes encensoirs
Un parfum troublant la mémoire :
De sinistres papillons noirs
Du soleil ont éteint la gloire.
Des monstres aux gluants suçoirs
Recherchent du sang pour le boire,
Et du ciel, en poussière noire,
Descendent sur nos désespoirs
De sinistres papillons noirs.

Supplique
O Pierrot ! Le ressort du rire,
Entre mes dents je l'ai cassé :
Le clair décor s'est effacé
Dans un mirage à la Shakespeare.
Au mât de mon triste navire
Un pavillon noir est hissé :
O Pierrot ! Le ressort du rire,
Entre mes dents je l'ai cassé.
Quand me rendras-tu, porte-lyre,
Guérisseur de l'esprit blessé
Neige adorable du passé,
Face de Lune, blanc messire,
O Pierrot ! Le ressort du rire ?

Pierrot voleur
Les rouges rubis souverains,
Injectés de meurtre et de gloire,
Sommeillent au creux d'une armoire
Dans l'horreur des longs souterrains.
Pierrot, avec des malandrins,
Veut ravir un jour, après boire,
Les rouges rubis souverains,
Injectés de meurtre et de gloire.
Mais la peur hérisse leurs crins ;
Parmi le velours et la moire,
Comme des yeux dans l'ombre noire
S'enflamment du fond des écrins
Les rouges rubis souverains !

Messe rouge
Pour la cruelle Eucharistie,
Sous l'éclair des ors aveuglants
Et des cierges aux feux troublants,
Pierrot sort de la sacristie.
Sa main, de la Grâce investie,
Déchire ses ornements blancs,
Pour la cruelle Eucharistie,
Sous l'éclair des ors aveuglants,
Et d'un grand geste d'amnistie
Il montre aux fidèles tremblants
Son cœur entre ses doigts sanglants,
Comme une horrible et rouge hostie
Pour la cruelle Eucharistie.

La chanson de la potence
La maigre amoureuse au long cou
Sera la dernière maîtresse,
De ce traîne-jambe en détresse,
De ce songe d'or sans le sou.
Cette pensée est comme un clou
Qu'en sa tête enfonce l'ivresse :
La maigre amoureuse au long cou
Sera sa dernière maîtresse.
Elle est svelte comme un bambou ;
Sur sa gorge danse une tresse,
Et, d'une étranglante caresse
Le fera jouir comme un fou,
La maigre amoureuse au long cou !

Décollation
La Lune, comme un sabre blanc
Sur un sombre coussin de moire,
Se courbe en la nocturne gloire
D'un ciel fantastique et dolent.
Un long Pierrot déambulant
Fixe avec des gestes de foire
La Lune, comme un sabre blanc
Sur un sombre coussin de moire
Il flageole, et s'agenouillant,
Rêve dans l'immensité noire
Que pour la mort expiatoire
Sur son cou s'abat en sifflant
La Lune, comme un sabre blanc.

Les croix
Les beaux vers sont de larges croix
Où saignent les rouges Poètes
Aveuglés par les gypaètes
Qui volent comme des effrois.
Aux glaives les cadavres froids
Ont offert d'écarlates fêtes :
Les beaux vers sont de larges croix
Où saignent les rouges Poètes.
lls ont trépassé, cheveux droits,
Loin de la foule aux clameurs bêtes,
Les soleils couchants sur leurs têtes
Comme des couronnes de rois !
Les beaux vers sont de larges croix !

Troisième partie

Nostalgie
Comme un doux soupir de cristal,
L'âme des vieilles comédies
Se plaint des allures raidies
du lent Pierrot sentimental.
Dans son triste désert mental
Résonne en notes assourdies,
Comme un doux soupir de cristal,
l'âme des vieilles comédies.
Il désapprend son air fatal :
A travers les blancs incendies
Des lunes dans l'onde agrandies,
Son regret vole au ciel natal,
Comme un doux soupir de cristal.

Pierrot cruel
Dans le chef poli de Cassandre
Dont les cris percent le tympan,
Pierrot enfonce le trépan,
D'un air hypocritement tendre.
Le maryland qu'il vient de prendre,
Sa main sournoise le répand
Dans le chef poli de Cassandre
Dont les cris percent le tympan.
Il fixe un bout de palissandre
Au crâne, et le blanc sacripant,
A très rouges lèvres pompant,
Fume – en chassant du doigt la cendre
Dans le chef poli de Cassandre !

Parodie
Des aiguilles à tricoter
Dans sa vieille perruque grise
La duègne, en casaquin cerise,
Ne se lasse de marmotter.
Sous la treille elle vient guetter
Pierrot dont sa chair est éprise,
Des aiguilles à tricoter
Dans sa vieille perruque grise.
Soudain elle entend éclater
Les sifflets pointus de la brise :
La lune rit de sa méprise,
Et ses rais semblent imiter
Des aiguilles à tricoter.

Lune moqueuse
La lune dessine une corne
Dans la transparence du bleu.
A Cassandre on a fait ce jeu
De lui dérober son tricorne.
Le vieillard se promène morne
Ramenant son dernier cheveu ;
La lune dessine une corne
Dans la transparence du bleu.
Une fantastique licorne,
Dont les naseaux lancent du feu,
Soudain mouille de son émeu
Cassandre assis sur une borne.
La lune dessine une corne.

La sérénade de Pierrot
D'un grotesque archet dissonant
Agaçant sa viole plate,
A la héron, sur une patte ;
Il pince un air inconvenant
Soudain Cassandre, intervenant,
Blâme ce nocturne acrobate,
D'un grotesque archet dissonant
Agaçant sa viole plate.
Pierrot la rejette, et prenant
D'une poigne très délicate
Le vieux par sa roide cravate
Zèbre le bedon du gênant
D'un grotesque archet dissonant.

Départ de Pierrot
Un rayon de Lune est la rame,
Un blanc nénuphar, la chaloupe ;
Il regagne, la brise en poupe,
Sur un fleuve pâme, Bergame.
Le flot chante une humide gamme
Sous la nacelle qui le coupe.
Un rayon de Lune est la rame,
Un blanc nénuphar, la chaloupe.
Le neigeux roi du mimodrame
Redresse fièrement sa houppe ;
Comme du punch dans une coupe,
Le vague horizon vert s'enflamme.
- Un rayon de Lune est la rame.

Parfums de Bergame
O vieux parfum vaporisé
Dont mes narines sont grisées !
Les douces et folles risées
Tournant dans l'air subtilisé.
Désir enfin réalisé
Des choses longtemps méprisées :
O vieux parfum vaporisé.
Dont mes narines sont grisées !
Le charme du spleen est brisé :
Par mes fenêtres irisées
Je revois les bleux Elysées
Où Watteau s'est éternisé.
O vieux parfum vaporisé !

___________

Albert Giraud

Traduction allemande
d'Otto Erich Hartleben (1893)

PART I.

Mondestrunken
Den Wein, den man mit Augen trinkt,
Giesst Nachts der Mond in Wogen nieder,
Und eine Springflut überschwemmt
Den stillen Horizont.
Gelüste, schauerlich und süss,
Durchschwimmen ohne Zahl die Fluten !
Den Wein, den man mit Augen trinkt,
Giesst Nachts der Mond in Wogen nieder.
Der Dichter, den die Andacht treibt,
Berauscht sich an dem heilgen Tranke,
Gen Himmel wendet er verzückt
Des Haupt und taumelnd saugt und schlürft er
Den Wein, den man mit Augen trinkt.

Colombine
Des Mondlichts bleiche Blüten,
Die weissen Wunderrosen,
Blühn in den Julinächten -
O bräch ich eine nur !
Mein banges Leid zu lindern,
Such ich dunklen Strome
Des Mondlichts bleiche Blüten,
die weissen Wunderrosen.
gestillt wär all mein Sehnen,
Dürst ich so märchenheimlich,>
So selig leis - entblättern
Auf deine braunen Haare
Des Mondlichts bleiche Blüten !

Der Dandy
Mit einem phantastischen Lichtstrahl
Erleuchtet der Mond die krystallnen Flacons
Auf dem schwarzen, hochheiligen Waschtisch
Des schweigenden Dandys von Bergamo.
In tönender, bronzener Schale
Lacht hell die Fontäne, metallischen Klangs.
Mit einem phantastischen Lichtstrahl
Erleuchtet der Mond die krystallnen Flacons.
Pierrot mit dem wächsernen Antlitz
Steht sinnend und denkt : wie er heute sich schminkt ?
Fort schiebt er das Rot und des Orients Grün
Und bemalt sein Gesicht in erhabenem Stil
Mit einem phantastischen Mondstrahl.

Eine blasse Wäscherin
Eine blasse Wäscherin
Wascht zur Nachtzeit bieiche Tücher,
Nakte, silberweisse Arme
Streckt sie nieder in die Flut.
Durch die Lichtung schleichen Winde,
Leis bewegen sie den Strom.
Eine blasse Wäscherin
Wascht zur Nachtzeit bleiche Tücher.
Und die sanfte Magd des Himmeis,
Von den Zweigen zart umschmeichelt,
Breitet auf die dunklen Wiesen
Ihre lichtgewobnen Linnen -
Eine blasse Wäscherin.

Valse de Chopin
Wie ein blasser Tropfen Bluts
Färbt die Lippen einer Kranken,
Also ruht auf diesen Tönen
Ein vernichtungssüchtger Reiz.
Wilder Lust Accorde stören
Der Verzweiflung eisgen Traum -
Wie ein blasser Tropfen Bluts
Färbt die Lippen einer Kranken.
Heiss und jauchzend, süss und schmachtend,
Melancholisch düstrer Walzer,
Kommst mir nimmer aus den Sinnen !
Hastest mir an den Gedanken,
Wie ein blasser Tropfen Bluts !

Madonna
Steig, o Mutter aller Schmerzen,
Auf den Altar meiner Verse !
Blut aus deinen magren Brüsten
Hat des Schwertes Wut vergossen.
Deine ewig frischen Wunden
Gleichen Augen, rot und offen.
Steig, o Mutter aller Schmerzen,
Auf den Altar meiner Verse !
In den abgezehrten Händen
Hältst du deines Sohnes Leiche,
Ihn zu zeigen aller Menschheit -
Doch der Blick der Menschen meidet
Dich, o Mutter aller Schmerzen !

Der kranke Mond
Du nächtig todeskranker Mond
Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl,
Dein Blick, so fiebernd übergross,
Bannt mich wie fremde Melodie.
An unstillbarem Liebesleid
Stirbst du, an Sehnsucht, tief erstickt,
Du nächtig todeskranker Mond
Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl.
Den Liebsten, der im Sinnenrausch
Gedankenlos zur Liebsten schleicht,
Belustig deiner Strahlen Spiel -
Dein bleiches, qualgebornes Blut,
Du nächtig todeskranker Mond.

PART II.

Nacht
Finstre, schwarze Riesenfalter
Töteten der Sonne Glanz.
Ein geschlossnes Zauberbuch
Ruht der Horizont - verschwiegen.
Aus dem Qualm verlorner Tiefen
Steigt ein Duft, Erinnrung mordend !
Finstre, schwarze Riesenfalter
Töteten der Sonne Glanz.
Und vom Himmel erdenwärts
Senken sich mit schweren Schwingen
Unsichtbar die Ungertüme
Auf die Menschenherzen nieder...
Finstre, schwarze Riesenfalter.

Gebet an Pierrot
Pierrot ! Mein Lachen
Hab ich verlernt !
Das Bild des Glanzes
Zerfloss - Zerfloss !
Schwarz weht die Flagge
Mir nun vom Mast.
Pierrot ! Mein Lachen
Hab ich verlernt !
O gib mir wieder
Rossarzt der Seele,
Schneemann der Lyrik,
Durchbucht vom Monde,
Pierrot - mein Lachen !

Raub
Rote, fürstliche Rubine,
Blutge Tropfen alten Ruhmes,
Schlummern in den Totenschreinen,
Drunten in den Grabgewölben
Nachts, mit seinen Zechkumpanen,
Steigt Pierrot hinab - zu rauben
Rote, fürstliche Ruhine,
Blutge Tropfen alten Ruhmes.
Doch da - strauben sich die Haare,
Bleiche Furcht bannt sie am Platze :
Durch die Finsternis - wie Augen ! -
Sieren aus den Totenschreinen
Rote, fürstliche Rubine.

Rote Messe
Zu grausem Abendmahle,
Beim Blendeglanz des Goldes,
Beim Flackerschein der Kerzen,
Naht dem Altar - Pierrot !
Die Hand, die gottgeweihte,
Zerreisst die Priesterkleider,
Zu grausem Abendmahle
Beim Biendeglanz des Goldes.
Mit segnender Geberde
Zeigt er den bangen Seelen
Die triefend rote Hostie :
Sein Herz - in blutgen Fingern -
Zu grausem Abendmahle !

Galgenlied
Die dürre Dirne
Mit langem Halse
Wird seine letzte
Geliebte sein.
In seinem Hirne
Steckt wie ein Nagel
Die dürre Dirne
Mit langem Halse.
Schlank wie die Pinie,
Am Hals ein Zöpfchen -
Wollustig wird sie
Den Schelm umhalsen,
Die dürre Dirne !

Enthauptung
Der Mond, ein blankes Türkenschwert
Auf einem schwarzen Seidenkissen,
Gespenstisch gross - dräut er hinab
Durch schmerzenkunkle Nacht.
Pierrot irrt ohne Rast umher
Und starrt empor in Todesängsten
Zum Mond, dem blanken Türkenschwert
Auf einem schwarzen Seidenkissen.
Es schlottern unter ihm die Knie,
Ohnmächtig bricht er jäh zusammen.
Er wähnt : es sause strafend schon
Auf seinen Sünderhals hernieder
Der Mond, das blanke Türkenschwert.

Die Kreuze
Heilge Kreuze sind die Verse
Dran die Dichter stumm verbluten,
Blindgeschlagen von der Geier
Flatterndem Gespensterschwarme !
In den Leibern schwelgten Schwerter,
Prunkend in des Blutes Scharlach !
Heilge Kreuze sind die Verse.
Dran die Dichter stumm verbluten.
Tot das Haupt - erstarrt die Locken -
Fern, verweht der Lärm des Pöbels.
Langsam sinkt die sonne nieder.
Eine rote Königskrone. -
Heilge Kreuze sind die Verse !

PART III.

Heimweh
Lieblich klagend - ein kristallnes Seufzen
Aus Italiens alter Pantomime,
Klingts henüber : wie Pierrot so hölzern,
So modern sentimental geworden.
Und es tönt durch seines Herzens Wüste,
Tönt gedämpft durch alle Sinne wieder,
Lieblich klagend - ein kristallnes Seufzen
Aus Italiens alter Pantomime.
Da vergisst Pierrot die Trauermienen !
Durch den bleichen Feurschein des Mondes,
Durch des Lichtmeers Fluten - schweift die Sehnsucht
Kühn hinauf, empor zum Heimathimmel,
Lieblich klagend - ein kristallnes Seufzen !

Gemeinheit !
In den blanken Kopf Cassanders,
Dessen Schrein die Luft durchzetert
Bohrt Pierrot mit Heuchlermienen,
Zärtlich - einen Schädelbohrer !
Daraus stopft er mit dem Daumen
Seinen echten türkschen Tabak
In den blanken Kopf Cassanders
Dessen Schrein die Luft durchzetert !
Dann dreht er ein Rohr von Weichsel
Hinten in die glatte Glatze
Und behäbig schmaucht und pafft er
Seinen echten türkschen Tabak
Aus dem blanken Kopf Cassanders !

Parodie
Sticknadeln, blank und blinkend.
In ihrem grauen Haar,
Sitzt die Duenna murmelnd,
Im roten Röckchen da.
Sie wartet in der Laube,
Sie liebt Pierrot mit Schmerzen,
Sticknadeln, blank und blinkend.
In ihrem grauen Haar.
Da plötzlich - horch ! - ein Wispern ;
Ein Windhauch kichert leise :
Der Mond, der böse Spötter,
Äfft nach mit seinen Strahlen -
Stricknadeln, blink und blank.

Der Mondfleck
Einen weissen Fleck des hellen Mondes
Auf dem Rücken seines schwarzen Rockes,
So spaziert Pierrot im lauen Abend,
Aufzusuchen Glück und Abenteuer.
Plötzlich stört ihn was an seinem Anzug,
Er beschaut sich rings und findet richtig -
Einen weissen Fleck des hellen Mondes
Auf dem Rücken seines schwarzen Rockes.
Warte ! denkt er : das ist so ein Gipsfleck !
Wischt und wischt, doch - bringt ihn nicht herunter !
Und so geht er, giftgeschwollen, weiter,
Reibt und reibt bis an den frühen Morgen
Einen weissen Fleck des hellen Mondes.

Serenade
Mit groteskem Riesenbogen
Kratzt Pierrot auf seiner Bratsche,
Wie der Storch auf einem Beine,
Knipst er trüb ein Pizzicato.
Plötzlich naht Cassander - wütend
Ob des nächtgen Virtuosen -
Mit groteskem Riesenbogen
Kratzt Pierrot auf seine Bratsche :
Von sich wirft er jetzt die Bratsche.
Mit der delikaten Linken
Fasst den Kahlkopf er am Kragen -
Träumend spielt er auf der Glatze
Mit groteskem Riesenbogen.

Heimfahrt
Der Mondstrahl ist das Ruder,
Seerose dient als Boot :
Drauf fährt Pierrot gen Süden
Mit gutem Reisewind.
Der Strom summt tiefe Skalen
Und wiegt den leichten Kahn.
Der Mondstrahl ist das Ruder
Seerose dient als Boot.
Nach Bergamo, zur Heimat
Kehrt nun Pierrot zurück ;
Schwach dämmert schon in Osten
Der grüne Horizont.
Der Mondstrahl ist das Ruder.

O alter Duft
O alter Duft aus Märchenzeit,
Berauschest wieder meine Sinne !
Ein närrisch Heer von Schelmerein
Durchschwirrt die leichte Luft.
Ein glückhaft Wünschen macht mich froh
Nach Freuden, die ich lang verachtet :
O alter Duft aus Märchenzeit,
Berauschest wieder mich !
All meinen Unmut gab ich preis,
Aus meinem sonnumrahmten Fenster
Beschau ich frei die liebe Welt
Und träum hinaus in selge Weiten...
O alter Duft aus Märchenzeit !

_________________

Albert Giraud
Traduit en allemand par Otto Erich Hartleben

Details

Composer
Schoenberg
,
Arnold
Year of composition
1912

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