L’ultima sera
Notes de programme
L'Ultima sera (Le dernier soir) pour voix de femme et cinq instruments a été écrite en 1980 pour répondre à une commande de Radio-France.
La voix utilise de brefs fragments tirés des œuvres récemment traduites en italien de Fernando Pessoa. Il y a huit fragments, et ce sont les mouvements qui forment la composition. Chaque mouvement trouve dans l'articulation instrumentale la figure protagoniste équivalente au texte : équivalence qui se veut intégrée dans le sens d'un madrigalisme à la fois explicite et parfois plus difficilement reconnaissable, jusqu'à être scellé dans l'ensemble de la forme devenue autonome.
Comme cela s'est déjà produit, la voix a une présence essentielle, mais — étant aussi instrument parmi les autres — elle est en même temps de connivence étroite avec les autres instruments. À l'image de ceux-ci, elle est le fil rouge qui explicite sans assumer à l'évidence la fonction protagoniste de soliste.
Franco Donatoni.
Source : Brahms.IRCAM
Mouvements
I. Je me raconterai dans l'ombre sans me comprendre. Aujourd'hui, je suis le désert, où j'eus Dieu. Un moment, la capitale de l'oubli...
II. Pour retourner à une nuit ancienne et calme, comme le paysage, lorsque le jour tombait.
III. (le vent, là dehors)
IV. Nous recueillons tous entre les bras un fils mort.
V. … étranger, ici, comme moi partout...
VI. ... sois pour moi maternelle, ô douce nuit...
VII. Le silence s'épaissit au bourdonnement et au susurrement d'un noctambule dans le noir...
VIII. ...malade, et dans le crépuscule, le dernier soir d'un empire en flammes...
Textes originaux
Textes : Fernando Pessoa
Tirés de Una sola moltitudine
I.
Mi raccontai nell'ombra, senza capirmi.
Oggi mi so il deserto, ov'ebbe Dio
un tempo la capitale dell'oblio…
(Stazioni della Via Crucis, X)
II.
Per ritornare a notte antica e calma,
come il paesaggio, quando il giorno muore.
(Abdicazione)
III. (il vento, là fuori.)
(senza titolo)
IV.
culliamo tutti tra le braccia un figlio morto
(Episodi, II)
V.
... straniero qui come dappertutto ...
(Lisbon Revisited)
VI.
...sii per me materna, oh notte tranquilla ...
(Passaggio delle ore)
VII.
il silenzio che s'accentua
al ronzio o al sussurro di un nonnulla nel buio ...
(Villeggiatura)
VIII.
... malato, e in un crepuscolo di spade,
morente fra bandiere sventolanti,
l'ultime sera di un impero in fiamme ...
Textes traduits
Fernando Pessoa : Fragments
I.
Je me raconterai dans l'ombre sans me comprendre
Aujourd'hui, je suis le désert, où j'eus Dieu
Un moment, la capitale de l'oubli...
II.
...pour retourner à une nuit ancienne et calme, comme le paysage, lorsque le jour tombait.
III.
(le vent, là dehors)
IV.
Nous recueillons tous entre les bras un fils mort.
V.
étranger, ici, comme moi partout...
VI.
...sois pour moi maternelle, ô douce nuit...
VII.
Le silence s'épaissit au bourdonnement et au su^surrement d'un noctambule dans le noir...
VIII.
...malade, et dans le crépuscule, le dernier soir d'un empire en flammes...
(Stazioni della Via Crucis, VII)