Le Sacre du printemps
Notes de programme
Le réputé Sacre du printemps de Igor Stravinsky arrangé pour ensemble pierrot par le compositeur canadien Kevin Lau. Cet arrangement a été commandé à Kevin lors du 100e anniversaire du Sacre du printemps dont Stravinsky avait terminé son écriture le 17 novembre 1912 et dont Paramirabo en a fait la création le 23 novembre 2012, soit à cent ans près de la finalisation de son écriture originale. Le Sacre avait été également mis de l’avant durant la tournée canadienne, Folklore, Mythe et Légende | Le seuil, de mars 2013.
Cette oeuvre reste et restera indémodable. D'une puissance incommensurable, elle a été une oeuvre de rupture face à ces contemporaines oeuvres symphoniques russes et elle est maintenant reconnue à sa juste valeur comme une des oeuvres les plus importantes du XXe siècle, malgré le scandale de sa première. Sa puissance rythmique et ces thèmes uniques ont influencé toute une nouvelle génération de compositeurs dans leur langage musical et leur technique d’écriture. Ce bagage musical influence encore les compositeurs de nos jours.
Dans le programme de l’OSM, Le Sacre du printemps, le 24 février 2019, nous pouvons lire ceci :
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Dans l’ouvrage Chroniques de ma vie, Stravinsky décrit ainsi le moment où il a conçu Le sacre du printemps :
« J’entrevis dans mon imagination le spectacle d’un grand rite païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d’une jeune fille, qu’ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps. » Il décrit ensuite cette vision à Serge de Diaghilev, directeur des Ballets russes, qui en voit les possibilités chorégraphiques, et au décorateur, peintre et archéologue Nicolas Roerich.
Bien avant la première de l’œuvre, Pierre Monteux, qui a dirigé cette exécution historique, a l’intuition du choc que constituerait le plus célèbre scandale musical du XXe siècle. « Avec seulement Diaghilev et moi en guise de public, Stravinsky s’est assis pour jouer une réduction pour piano de la partition. Avant qu’il ne soit rendu bien loin, j’étais sûr qu’il était fou à lier. Jouée ainsi, sans la couleur conférée par l’orchestre, et qui en est l’une de ses plus puissantes marques, la rusticité du rythme était accentuée, et son caractère primitif extrême, souligné. Les murs eux-mêmes réagissaient pendant que Stravinsky continuait de marteler le piano. […] À la fin, j’ai tout simplement dit qu’une telle musique allait sûrement causer un scandale. »
Le 29 mai 1913, le public du Théâtre des Champs-Élysées commence presque immédiatement à rire, à huer et à chahuter. L’émoi général tourne à la colère, puis à la violence, ce qui mène à l’intervention des gendarmes. Le ballet, chorégraphié par Nijinski, se poursuit quand même jusqu’à la fin. La puissance explosive sans précédent de la musique, les sonorités volcaniques produites par un gigantesque orchestre, des pulsions rythmiques brutales et des dissonances déchirantes amènent certains des premiers critiques à concevoir des commentaires tels que celui de Carl van Vechten, « war over art » [guerre à l’art] ou à ce surnom trouvé par Léon Vallas, « Le massacre du printemps ». Pour sa part, de façon plus rationnelle que passionnée, Nicolas Slonimsky écrit : « Depuis le solo initial du basson jusqu’à la frénésie finale de la danse sacrale, Le sacre du printemps avance inéluctablement en créant des valeurs musicales si nouvelles que le monde a dû soit rejeter cette musique comme bizarre manifestation d’un jeune déséquilibré, soit l’accepter sous l’angle d’une révolutionnaire innovation. »
Brutalité et violentes dissonances ne sont pas les seules raisons qui expliquent la réaction provoquée par Le sacre. En effet, il semble que l’œuvre plongeait loin dans le subconscient pour déclencher des sentiments et des réflexes primaires et instinctifs, souvent représentés dans les mythes. L’élément mythique, archétypal, du Sacre a même mené certains critiques et commentateurs à l’interpréter selon les termes de la psychologie jungienne.
© Robert Markow
Source: tiré du programme de l’OSM - Le Sacre du printemps, le 24 février 2019
Mouvements
Premier tableau : L'adoration de la terre
- Introduction
- Augures printaniers – Danses des adolescentes
- Jeu du rapt
- Rondes printanières
- Jeu des cités rivales
- Cortège du Sage
- L'adoration de la Terre
- Danse de la terre
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Second tableau : Le sacrifice
- Introduction
- Cercles mystérieux des adolescentes
- Glorification de l'élue
- Évocation des ancêtres
- Action rituelle des ancêtres
- Danse sacrale