Arras
Notes de programme
Dans Arras (un terme désignant une tapisserie richement tissée), Keiko Devaux distille divers éléments qui représentent les environnements sonores et musicaux des deux côtés de sa famille, réalisés à travers ses approches personnelles de la composition. Il en résulte ce qu’elle décrit comme « un kaléidoscope d’influences englobant plusieurs générations, cultures et genres musicaux, dans le cadre de mes histoires sonores et celles de mes familles. »
Elle puise son inspiration d’une foule de matériaux représentant les professions exercées de chaque côté de son arbre généalogique (le son du vent à travers les champs symbolisant l’agriculture, et celui d’un métier à tisser mécanique évoquant le tissage), les environnements naturels où a vécu sa famille (y compris des modes de comportement animal comme ceux des étourneaux et des lucioles), ainsi que les traditions musicales tant religieuses (le plain-chant et les chants bouddhistes) que vernaculaires (chanson française et musique populaire américano-japonaise) par le biais desquelles les membres de sa famille exprimaient leur identité.
Pour créer Arras, Keiko Devaux a tissé une riche tapisserie sonore composée de deux types de dialogue. Le premier est « un dialogue entre les différents fils de mon héritage culturel. » Ici, la compositrice déconstruit et distille des éléments de ces fils pour y trouver des filiations insoupçonnées, entrelaçant des fragments mélodiques et des identités harmoniques partagées. Le second type de dialogue a lieu entre « les influences et la nostalgie de mon passé et la voix qui est la mienne aujourd’hui. C’est à ce niveau que la recomposition a réellement lieu, alors que je reconstitue ces fragments à ma façon. Ma démarche se caractérise principalement par mes interactions avec les matériaux écrits au moyen de diverses formes de distorsion – étirer, condenser, stratifier, boucler, couper, transposer et interpoler les matériaux – sans pour autant perdre le lien émotionnel qui m’y rattache. »
L'œuvre Arras est nominée aux prix Juno 2022, dans la catégorie Composition classique de l’année.