Dériver
Notes de programme
« No hay caminos, hay que caminar » (il n’y a pas de chemins, que le cheminement) disait le compositeur Luigi Nono, reprenant un texte rencontré sur le mur d'un cloître de Tolède. Ce cheminement que prend le créateur, l’artisan, voire tout un chacun à sa manière, est souvent sinueux. L’artiste emprunte des sentiers inconnus, doit par moments retourner sur ses pas et même parfois s’avouer avoir fait fausse route. Mais cet imprévisible itinéraire est aussi l’occasion de faire des trouvailles insoupçonnées. C’est dans cet esprit que s’est fait la composition de Dériver.
En musique, ces idées peuvent être exprimées à travers la notion de la directionnalité des matériaux sonores. Ce concept a alimenté mes recherches, jusqu’à l’élaboration de la notion plus personnelle de cinétisme musical. Cette notion a pour objet les forces dynamiques perceptibles en musique. En pratique, ces principes peuvent donner l’impression d’avancer, de reculer (d’accélérer ou de ralentir), voire même de tourner en rond. C’est aussi ce sur quoi s’appuient certains mimétismes en musique (par exemple, dans son œuvre pour orchestre Jeux (poème dansé), Claude Debussy se sert du profil que ferait une balle de tennis comme modèle pour l’écriture d’un des matériaux de l’œuvre). Toutes ces réflexions ont constitué autant d’amorces poétiques pour la composition des idées musicales qui constituent la pièce Dériver.
Je tiens à remercier l’ensemble Paramirabo pour son engagement envers la création de cette pièce et tout particulièrement Daniel Anez, à qui l'œuvre est dédiée.
- Gabriel Dufour-Laperrière